Un portait robot de l’enfant harcelé ?

On pourrait penser que les enfants qui se font harceler à l’école sont souvent les bons élèves, car ils renvoient (sans le vouloir bien sûr) aux moins bons une image négative d’eux-mêmes et ces derniers se vengent contre l’enfant mais contre l’institution scolaire toute entière. On pourrait également soupçonner encore que les plus petits sont visés car ils sont moins à-même de pouvoir se défendre. Ou bien encore les plus candides, les plus timides et les plus influençables. Mais en réalité, il n’y a pas de profil type pour l’enfant harcelé.

Les agissements

L’enfant harcelé ne sera pas visé d’un coup, la situation s’infuse doucement, par de petits agissements nocifs mais banals, sans grande importance à première vue, mais répétitifs et allant crescendo.

L’enfant va au début être un peu bousculé, appelé par des surnoms ridicules. On va par exemple renverser sa trousse, abîmer son cartable ou encore voler son goûter.

Il va être moqué, mis à l’écart par certains camarades, humilié parfois.

Autant de petites choses qui dans la durée font que l’enfant se renferme et qu’il ressente une profonde injustice car il n’a rien demandé pour subir ce genre de violences verbales, psychologiques ou physiques.

Et cela peut être parfois pire s’il s’agit de cyberharcèlement avec par exemple des diffusions de photos sur les réseaux, de la persécution avec des textos, emails ou messages incessants. Malheureusement ces pratiques sont croissantes avec l’usage permanent d’Internet et des nouvelles technologies de communication. La porte de la maison est franchie et c’est cela qui rend le harcèlement, qui pouvait exister par le passé, beaucoup plus violent, illimité et incontrôlable.

Qui est l’enfant harceleur ?

L’enfant qui harcèle veut dominer, se venger, humilier. Il est peu généreux et forcément aussi peu empathique, sinon, il réussirait à imaginer ce que l’enfant harcelé ressent et il n’aurait pas de tels agissements à son égard.

Est-ce qu’il est fort, grand, costaud ? Est-ce qu’il a une forte estime de soi ou un sentiment de supériorité ? Est-ce qu’au contraire il est lui-même victime de mauvais traitements à la maison ? Est-ce qu’il doute de lui et a de mauvais résultats scolaires ? Est-ce qu’il est tout simplement toxique et cherche à nuire ?

Tous les cas sont envisageables. Tout comme pour le harcelé, il n’y a pas de profil type pour l’enfant harceleur. C’est d’ailleurs souvent un enfant qui a aussi besoin grand d’aide et de soutien.

Comment on s’en rend compte ?

Aucun enfant n’est à l’abri de se faire harceler à l’école.

La victime de harcèlement est en souffrance extrême, elle refuse de parler, de raconter car elle a honte et éprouve un sentiment de culpabilité. Mais pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait pour engendrer une telle violence contre moi ?

Souvent, la victime de harcèlement décide elle-même de s’isoler pour ne plus subir, et aussi car elle pense qu’elle sera rejetée par les autres.

Son comportement à la maison change, l’enfant devient triste et renfermé, il peut également devenir à agressif contre ses parents ou contre ses frères et sœurs. Il se défoule, et sait qu’il peut le faire avec les gens qui l’aiment, qui le protègent et ne le jugeront pas. Evidemment une telle situation peut devenir terrible pour la famille toute entière.

Le matin, il tente de trouver des excuses pour ne plus aller en classe. Il se plaint d’avoir mal, au ventre, à la tête, d’être fatigué.  Il dort mal et mange différemment (beaucoup plus ou beaucoup moins, c’est notable). Ce sont des signes que vous pourrez constater si votre enfant se trouve malheureusement dans une telle situation. Alors vous pourrez essayer de lui parler, de l’écouter et surtout de prévenir l’école pour trouver des solutions pour solutionner ce problème.

Comment puis-je aider mon enfant ?

Vous avez été attentif et avez identifié des changements dans le comportement de votre enfant et c’est déjà beaucoup.

Communiquez avec votre enfant pour qu’il vous parle, qu’il ait confiance parce qu’il n’a malheureusement plus confiance en lui-même. S’il ose dire ce qu’il se passe et ce qu’il ressent, c’est une première victoire. S’il a des amis, vous pouvez aussi en parler avec eux, essayer de comprendre des choses en les interrogeant, en partageant vos inquiétudes et en les écoutant. Vous glanerez des informations pour mieux gérer la situation.

Ensuite, il est indispensable de prendre rendez-vous avec les responsables de l’école et de mettre en place avec eux les actions nécessaires pour enrayer cette situation et que votre enfant retrouve une place sereine dans sa classe et dans son école.

Quelles sont les conséquences sur la scolarité ?

Un enfant harcelé peut avoir honte, perdre confiance en lui, développer lui-même de la colère et de la violence. Et l’impact sur ses performances scolaires est quasi systématique. Il peut développer une phobie scolaire, ne plus avoir envie d’aller à l’école ou ne plus réussir à mémoriser et à se concentrer en classe.

Au-delà de ces impacts scolaires, les conséquences peuvent être graves sur sa santé mentale et physique. En effet, l’enfant peut être sujets à des maux de ventre, des vomissements, des maux de tête, des insomnies. Il peut développer un état dépressif qui demandera de trouver de l’aide auprès de professionnels. Plus tôt cet état est identifié et plus vite il peut être pris en charge et accompagné.

Le rôle de l’école

Parfois, l’école ne voit pas ce qui se passe car ces situations se passent devant l’école, durant les récréations, dans les couloirs,… Mais l’enseignant parvient parfois à les déceler. Le tout est que ce soit le plus rapidement possible. Alors, l’enfant harceleur est convoqué pour venir expliquer les raisons de son comportement nocif, parfois en présence de ses parents et de la direction de l’école. Et le plus souvent même, il sera confronté à l’enfant harcelé et le cas échéant à sa famille. Il arrive que des discussions puisse dénouer des situations. Mais ce n’est pas toujours le cas malheureusement.

L’école joue un rôle primordial dans la lutte contre le harcèlement scolaire ; des créneaux sont d’ailleurs consacrés à aborder ces sujets avec les enfants.

L’enseignant doit prendre le temps d’échanger avec les élèves, de les amener à réfléchir sur ces sujets clé et les faire parler, exprimer leurs avis, leurs sentiments. L’objectif est d’avoir une approche en groupe pour que chacun écoute, s’écoute et prenne conscience.

L’enseignant peut aussi organiser des jeux de rôle, des mises en situations dans un format ludique. Cela permet aux enfants d’être préparés face à ces situations toxiques, de les anticiper, de savoir mieux comment répondre, réagir et se protéger des harceleurs. Ces exercices permettent également aux enfants de mieux observer des situations déviantes, de protéger leurs camarades et d’alerter des adultes quand nécessaire.

A nous aussi, parents, de ne pas hésiter à demander à rencontrer l’enseignant et la direction de l’école lorsqu’on pense que notre enfant est pris dans ce type de situation, que ce soit du côté harceleur ou du côté harcelé.

Les aides

Bien sûr l’école est un premier soutien, la famille est le socle d’une bonne communication et d’une sérénité pour l’enfant, un suivi psychologique est également un bon support quand nécessaire.

En complément, sachez qu’il existe un numéro téléphonique d’écoute et de prise en charges, que ce soit pour les victimes de harcèlement mais aussi pour les familles.

« Le 3020 est un numéro d’appel gratuit opéré par l’Ecole des parents et des éducateurs d’Île-de-France subventionné par le ministère de l’Education nationale et de la Jeunesse. Il s’adresse aux élèves, aux familles et aux professionnels témoins ou victimes d’une situation de harcèlement entre élèves.

Le 3020 est joignable du lundi au vendredi, sauf jours fériés, de 9h à 20h du lundi au vendredi et de 9h à 18h le samedi.»

Source : https://www.education.gouv.fr/non-au-harcelement/lutte-contre-le-harcelement-l-ecole-289530

Le 3020 est un dispositif téléphonique gratuits depuis un téléphone portable ou depuis un téléphone fixe et qui a pour but d’écouter, de conseiller et d’orienter les interlocuteurs.

Vous pouvez également consulter ce lien : https://www.education.gouv.fr/non-au-harcelement

Les enfants se construisent et ont parfois des comportements qui échappent à notre contrôle, nous l’observons régulièrement en tant que parents.

Nous donnons le meilleur pour nos enfants mais il peut arriver que des comportements déviants surviennent, sans pour autant que l’on doive culpabiliser.

Pour prévenir une situation éventuelle de harcèlement, continuez de communiquer avec votre enfant, soyez en mesure de déceler des changements de comportement sans pour autant ne vous faire trop d’idées ou d’inquiétudes. Ne dramatisons pas lorsque cela n’est pas nécessaire !

Montrez bien à votre enfant qu’il peut compter sur vous et qu’il peut vous parler.

Et si votre enfant vous parait être dans cette situation, essayez de bien comprendre ce qui se passe et pourquoi. Ne soyez pas à votre tour violent avec l’enfant agresseur (même si c’est tentant) ou avec ses parents. N’oubliez pas que votre enfant peut aussi bien être harcelé qu’harceleur et que dans les deux cas, il est en souffrance et a besoin d’aide.

*Tout savoir sur l’ASSN : https://www.education.gouv.fr/bo/15/Hebdo30/MENE1514345A.htm?cid_bo=91204